Il y a quelques jours j’ai lu avec surprise qu’un land allemand venez d’interdire l’utilisation du bouton « J’aime » de Facebook sous couvert de protection de la vie privée. En effet, les autorités de la protection de la vie privée du land de Schleswig-Holstein ont décidé d’interdire l’utilisation du bouton permettant de « liker » un contenu. Les sites édités dans cette région et utilisant ce système risquent une amende de 50 000 euros !
L’objectif de cette fonctionnalité est de faciliter le partage de contenu, de faire savoir à ses « amis » que l’on a apprécié un article, une vidéo, une musique ou autre. C’est une fonctionnalité pratique, très utilisée par les usagers de Facebook. En donnant la possibilité aux internautes de tisser des liens entre les contenus qu’ils aiment et leur propre mur Facebook, ce dispositif prolonge non seulement le modèle du web (la toile d’araignée) mais donne à voir un hypertexte de soi qui permet à l’individu d’exprimer sa vision de lui-même (ou l’image qu’il veut donner de lui…). De fait, les contenus « likés » constituent comme des blasons représentatifs de ses goûts, passions et autres centres d’intérêts. C’est un « arbre de connaissance » mutimédia, simple à gérer, ludique et par nature partagé.
Ce qui est essentiellement reproché à Facebook, c’est le fait que ces actions, associées de manière nominative à un profil Facebook, soient archivées et permettraient donc à la firme d’avoir une connaissance intrusive de la vie privée de ses utilisateurs. Il est clair que Facebook, en exploitant ces données, peut aller très loin dans la qualification des utilisateurs et donc promettre un ciblage publicitaire particulièrement puissant aux annonceurs. Mais il ne faut pas non plus surestimer cette exploitation…
Ce qui est surtout reproché, c’est le fait que ces données soient hébergées aux USA en dehors du cadre légal européen. Cependant, si l’on pousse le raisonnement jusqu’au bout, il y a beaucoup de services web hébergés en dehors de la CEE qu’il faudrait interdire également…
La raison est peut-être ailleurs, comme le révèle Le Figaro : « Le Schleswig-Holstein a une raison plus particulière de s’intéresser à la vie privée sur Facebook. Son ministre-président de 40 ans a du démissionner il y a une dizaine de jours après que sa liaison avec une adolescente de 16 ans a été découverte. Il avait pris contact avec la jeune militante politique grâce au réseau social ».
La protection de la vie privée n'est très certainement qu'un prétexte. Après tout, personne n'est obligé de liker ! Cette mesure est comme une nouvelle manière d'empêcher les individus de se révéler, de se donner à voir, même maquillés ou masqués. Le puritanisme digital n’en est qu’à ses débuts !